Étude de cas – Walter Absil

Walter Absil
Walter Absil
Walter Absil

Source : Musée de l'Holocauste Montréal.

Mise en contexte historique

Walter Absil est né à Vienne, en 1924. Sa famille fuit l’Autriche pour la Belgique à cause de la montée du nazisme. Mais, en 1940, la Belgique est à son tour occupée. Walter doit porter l’étoile jaune, puis se cacher avec l’aide de camarades, de commerçants, de religieuses, de paysans – une chaîne constituée de personnes « ordinaires » et du réseau de la résistance belge.

Son témoignage montre que la chance, l’aide des autres et les décisions individuelles ont pu faire la différence entre la vie et la mort.

Axe de pensée historique : cause et conséquence – choix personnels et politiques, et leur impact sur les individus.

Extrait vidéo du témoignage de Walter Absil

Proposition d’activité

Voici une proposition d’activité pour explorer ce témoignage avec vos élèves.

Le témoignage : analyse guidée

Moments clés évoqués dans l’extrait

  • L’obligation de mentir, de se cacher, de fuir.
  • L’arrestation de ses parents, alors qu’il n’était pas à la maison.
  • La lettre lancée du train par ses parents (mensonge protecteur : « On revient bientôt. »).
  • Le sauvetage de sa sœur qui a été cachée dans un couvent sous une fausse identité.
  • Son changement de nom : Walter devient « Émile Blondi ».
  • Sa fuite en pantoufles et sa survie dans une ferme.

Questions d’analyse pour les élèves

  1. Pourquoi dit-il qu’il a survécu grâce à la chance? Que veut-il dire?
  2. Dresse la liste des personnes qui ont aidé la famille Bondy et indique le rôle de chacune ou de chacun afin de comprendre que des civils et des organismes ont agi en fonction de leur possibilité et de leur capacité.
  3. Qu’est-ce que son histoire nous apprend sur le rôle des civils dans la résistance?
  4. Quels sentiments Walter exprime-t-il en racontant ce témoignage? Quand et comment les exprime-t-il? (verbalement ou par des expressions du visage) Quelle image gardes-tu de cette séquence? Pourquoi?
  5. En quoi son témoignage est-il aussi une histoire de choix éthiques et de courage collectif et individuel?

Résultats d’apprentissage

À la fin de cette activité, l’élève pourra :

  • analyser l’impact de l’Holocauste sur les individus, les communautés et les sociétés;
  • relier les leçons de l’Holocauste à d’autres violations des droits humains;
  • établir des liens entre les événements passés et les enjeux contemporains;
  • développer une réflexion critique sur l’importance de la mémoire collective et des mécanismes de justice internationale.

L’artefact

Pourquoi cet artefact est-il important?

  • À partir de 1942, toutes les Juives et tous les Juifs de Belgique âgés de plus de six ans devaient porter l’étoile jaune. Walter se souvient avoir fait la file à la Kommandantur pour récupérer la sienne. Cette étoile n’était pas seulement un morceau de tissu : c’était un outil de stigmatisation et de contrôle.
  • Les nazis ont instauré ce signe d’identification obligatoire pour toutes les Juives et tous les Juifs âgés de plus de six ans. Ce badge est d’abord imposé en Pologne dès 1939, puis étendu à l’ensemble des pays occupés ou alliés avec l’Allemagne nazie en 1942 dans la plupart des territoires occupés (sauf au Danemark et dans la zone sud française).

L’objectif : simplifier les arrestations, faciliter les rafles, isoler les Juives et les Juifs dans l’espace public, les humilier et les déshumaniser.

Cette étoile est ainsi devenue l’un des symboles les plus puissants de l’Holocauste, à la fois instrument de persécution et de mémoire.

Questions d’analyse pour les élèves

  1. De quoi s’agit-il? Décris l’objet : forme, matériau, texte, symbole.
  2. Qui l’a fabriqué? Dans quel but?
  3. Que révèle-t-il sur la situation de son propriétaire?
  4. Est-ce un objet d’administration, de contrôle ou de survie? Explique ta réponse.
  5. Comment un symbole d’identité comme l’étoile de David a-t-il pu devenir un outil d’humiliation? Explique à quoi cela te fait penser.
  6. Quelle émotion l’objet évoque-t-il chez toi?
  7. En quoi est-il une trace unique de ce que l’on a voulu effacer?
  8. Lien avec la société d’aujourd’hui : Quels sont les outils de stigmatisation et de contrôle présents dans la société d’aujourd’hui, et comment se manifestent-ils?
Étoile jaune Belgique, 1942
Cette étoile a appartenu à André Ségal.

Source : Musée de l’Holocauste Montréal.

Mise en perspective

Comparer avec d’autres formes de persécutions et de fuites contemporaines

Exemples possibles

  • Les réfugiés politiques ou religieux qui changent de nom ou détruisent leurs papiers d’identité pour demander l’asile.
  • Les enfants déplacées et déplacés à cause de la guerre ou des violences ethniques (Rwanda, Syrie, Afghanistan, etc.).
  • Les identités cachées en temps de conflit (Ukraine, Gaza, Rohingyas, etc.).

Questions pour la réflexion

  1. Dans quels contextes aujourd’hui des gens doivent-ils fuir ou se cacher?
  2. Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes qui demandent l’asile?
  3. Quelles sont les difficultés pour les personnes qui souhaitent aider ces réfugiés?
  4. Que signifie changer de nom ou d’identité pour survivre?
  5. Quelles responsabilités, quels devoirs et quelles obligations morales et légales avons-nous en tant qu’individu et en tant que communauté face aux personnes réfugiées ou persécutées?

Synthèse réflexive

Discussion ou activité d’écriture

  • Que retiens-tu du témoignage de Walter?
  • Pourquoi dit-il que ce n’est pas l’intelligence, mais la chance qui l’a sauvé?
  • Quels sont les outils de stigmatisation et de contrôle présents dans la société d’aujourd’hui? Comment se manifestent-ils?
  • Comment peut-on agir aujourd’hui pour lutter contre ce genre de discrimination?
    • Que peut-on faire comme individu?
    • Que peuvent faire les paliers de gouvernement fédéral, provincial ou municipal?

Tâche créative

  • Crée un mot clé illustré (chance, espoir, identité, fuite, etc.) en partant du témoignage. Dessine, stylise ou enrichis visuellement ce que tu veux évoquer par :
    • des symboles (une étoile, une barrière, une main tendue);
    • des couleurs évocatrices (rouge pour l’urgence, gris pour la peur, etc.);
    • des éléments graphiques (traits brisés, ombres, éclats, etc.);
    • des mots intégrés (synonymes, définitions, citations, etc.).
  • Rédige une courte fiction inspirée du point de vue d’une amie ou d’un ami qui l’aide (comme Jean Lejeune).

Pour aller plus loin…

Pour plus d’information, consulter le travail de l’artiste Adèle Blais qui a réalisé le portrait de Muguette Myers, survivante de l’Holocauste, à partir de collages qui illustrent son histoire.